« Votre invitation est pour moi un immense honneur et une source de profonde inspiration. Votre projet, qui explore avec subtilité les liens entre l’humain, la nature et les symboles culturels, résonne intimement avec mon parcours de poétesse et d'écrivaine, où ces thèmes occupent une place centrale.
Je viens d’Iran, un pays qui souffre malheureusement sous le poids de la dictature et de la destruction écologique. Dans un tel contexte, préserver et approfondir notre relation avec la nature n’est pas un choix, mais une nécessité. Votre engagement à travailler avec la vallée du Lot, et non simplement sur elle, m’évoque cette responsabilité et ce respect que nous devons à la nature – cette même nature qui, malgré ses blessures, continue de nous offrir refuge et d’opposer une résistance remarquable. Dans mes écrits, la nature a toujours joué un rôle essentiel. Les rivières, en particulier, incarnent pour moi la vie et la résilience : tout comme ma propre existence, semblable à un fleuve, parfois paisible, parfois tumultueuse, mais toujours en mouvement. De la nature, je n’ai pas seulement trouvé l’inspiration, mais aussi des leçons de résistance, d’adaptation et de continuité. »
Vous venez de lire la réponse de Mahtab Ghorbani à l’invitation du Belvédère.
Pour mieux comprendre ce qui en découle, remontons aux sources.
Le Belvédère est une association qui a pour mission de soutenir la création artistique en favorisant la rencontre entre artistes, scientifiques et habitants au sein de leur milieu dans la vallée du Lot. Son programme d’expérimentation “Les Géorgiques” se décline en trois projets : les ateliers d’otium (loisirs studieux), Terre Vivante (expérimentation sur une parcelle au lycée agricole Etienne Restat à Sainte Livrade) et enfin le Poïpoïdrome flottant (un espace itinérant sur le Lot dédié à la création permanente, d'inutilité publique mais totalement nécessaire). La zone géographique pour développer ces projets est la vallée du Lot. La rivière étant le fil conducteur qui nous lie et qui nous relie aux éléments et notamment à l’eau.
Mahtab Ghorbani est une poétesse iranienne. Condamnée par le régime islamiste en raison de ses écrits et de ses luttes pour les droits humains, elle fuit son pays après plusieurs arrestations et années d’emprisonnement. Exilée en France depuis 2016, elle obtient le statut de réfugiée politique.
Le Belvédère, en partenariat avec la commune de Casseneuil et sa médiathèque, a donc invité Mahtab Ghorbani pour une résidence d’un mois. Elle a pour mission d’accompagner les habitants de la vallée du Lot dans la rédaction d’une charte d’amitié avec leurs rivières qui ne soit ni trop technique, ni trop administrative mais empreinte de poésie et de sensibilité. La charte sera écrite avec les habitants, les enfants, les entreprises, les collectivités de la vallée du Lot qui souhaitent participer : toutes celles et ceux qui se sentent concernés par l'importance de l'eau, des sources et des ruisseaux...
Nous profitons de cette résidence pour inviter Mahtab Ghorbani à la Médiathèque de Monflanquin. Elle viendra parler de ses expériences et lire ses poèmes à 15h samedi 24 mai. Elle animera également un atelier d'écriture pour rédiger la charte de 16h à 18h mercredi 28 mai.
Cliquez pour en savoir plus sur :
Le souci de la terre, traduction des Géorgiques, poème de Virgile, traduit par Frédéric Boyer
Mille vies inachevées de Mahtab Ghorbani.
Photos © Céline Domengie